Ils étaient l’une des têtes d’affiche de ce premier Download Festival français : les américains de Korn ont livré un spectacle hyper calibré, un best of tout en émotion que les fans de la première heure ont savouré d’un morceau à l’autre. Ceux qui ne les connaissaient pas sont repartis conquis par ces très grands du nu metal.
Presque un quart de siècle que Korn balance ses riffs devant un public survolté qui connaît ses paroles par coeur. Une fidélité qui n’a jamais failli en dépit d’albums parfois inégaux. C’est dire l’enthousiasme qui a soufflé sur les pelouses de Longchamp en ce deuxième jour de festival lorsque Jonathan Davis a jailli devant son pied de micro mythique, cette silhouette féminine aux arguments séduisants. « Right now » ouvre le bal dans un brouhaha mêlant à force égale les sons de la scène et le cri de la fosse. « Here to stay » lui succède et ne fera pas baisser les volumes.
Le leader de Korn n’est pas franchement connu pour ses longs discours ou ses échanges réels avec le public. Mais celui la ne lui en tient pas rigueur. L’américain a un charisme qui balaie tous les doutes et un parcours suffisamment impressionnant pour dissiper tous les commentaires un peu âpres. C’est peu dire alors ce qu’il perçoit en retour déchaînés lorsqu’il lance à la foule qui s’offre à lui: « Ilove you Motherfuckers! »
Porté (pour ne pas dire transcendé) par ses textes, Jonathan Davis semble au meilleur de sa forme vocale. « Twist » ou bien encore « Faget » frappent fort. Ses acolytes ne sont pas en reste. Brian Welch et Munky parcourent sans répit l’immense Main Stage. A la batterie, Ray Luzier frappe toujours avec la même précision. Lorsqu’il lance « Blind », tube parmi les tubes, le frisson parcourt la foule. Live Nation avait eu raison de miser sur ceux là pour porter haut l’affiche de cette première. Le jeu est dépouillé, aucune note inutile, aucun décor grandiloquent mais de superbes trouvailles comme cette cornemuse pour ouvrir « Shoots and ladders » avant de le refermer par un extrait du célébrissime « One » de Metallica. Sans oublier l’excellente reprise d’ « Another brick in the wall » de Pink Floyd.
Difficile d’être et d’avoir été, c’est, malgré une fidélité sans faille, ce que se disaient parfois les fans avant que « The paradigm shift », dernier album studio en date, enregistré en 2012, sonne le retour vers des partitions franchement plus inspirées. En revenant à ses fondamentaux, en retrouvant Head, le guitariste fondateur qui exerce un rôle majeur dans le groupe, en passant encore plus de temps sur scène où il n’est jamais aussi bon, Korn a prouvé que l’excellence était de retour mais que du meilleur restait encore possible. 2016 est incontestablement leur année. Le 21 octobre prochain sortira « The serenity of suffering », leur douzième album. L’automne rend impatient.
Magali MICHEL.
Crédit photos // Sophie BRANDET.