Il en rêvait : il l’a (enfin) fait ! Pour son troisième album, Al Delort se lâche et survolte ses guitares. Un passage à la vitesse supérieure qui rend les mots encore plus forts. Volutes d’émotions, grandes bouffées musicales, Al Delort a mis le paquet. Et c’est un vendredi au Crusoé (forcément!) que Nicotine a été partagé. Mémorable…
Al Delort a le sens du rythme, ce qui n’est pas le moindre atout pour un musicien ! La preuve, tous les sept ans exactement, il livre un nouveau disque! Après « Al », premier album éponyme en 2001 et le très abouti « Convoi exceptionnel » en 2008, c’est au tour de « Nicotine » d’affronter le public à partir du 13 Novembre prochain. A six jours du Beaujolais Nouveau. Mais cette cuvée là n’a pas attendu pour s’offrir en dégustation: ce 16 octobre, en plein terroir bourguignon si souvent écumé durant ses années où il accompagnait Yves Jamait, Al Delort a présenté son dernier né sur les fonds baptismaux du Crusoé, la toute nouvelle et magnifique salle de concerts dijonnaise. A ses côtés sur scène, ses enfants, Valentin, Louis et Lola, et six musiciens, des amis mais en l’occurence aussi, de grandes pointures (dont beaucoup avaient pris part à l’album) prêts à donner le meilleur pour que la fête soit mémorable. Et elle le fût!
Un an. C’est à peu le temps qu’il aura fallu pour que Nicotine voit le jour. Douze titres (minutieusement choisis parmi la quinzaine composée), une écriture ciselée qui montre encore une fois l’extraordinaire sens des mots de celui qui est sans doute l’ un des plus grands paroliers actuels, des musiques cent fois remises sur la partition avant d’admettre qu’il pouvait les laisser s’envoler, tout a été minutieusement vu et dirigé.
Car Al Delort n’avait pas envie de passer à côté de cet opus. Il voulait en être heureux, ne rien regretter. Il a aussi et peut être surtout entendu cette envie ancienne de la jouer plus rock. Bruno Mylonas, qui a réalisé l’album, l’a bien compris. Depuis ses studios d’enregistrement de la région toulousaine, il a rendu Nicotine encore plus électrique. Et le résultat est impressionnant : débarrassé de vieilles entraves, Al Delort y va à fond. Quitte à pousser le curseur, il ajoute des cordes, des cuivres, davantage de batterie et se lâche sur les guitares. A entendre le résultat, on se demande pourquoi lui qui joue aussi bien a attendu aussi longtemps! Même la voix gagne en intensité. Quant aux paroles, elles y trouvent un habillage sur mesure qui leur permet de viser encore plus juste.
Des idées sombres cachées derrière des pans de lumière, des morceaux de vie qui n’occultent rien mais restent drapés dans l’élégance de leur pudeur, le temps qui passe et la vie qui s’émousse, une bonne dose d’humour aussi dans le regard (vrai!) sur la gente féminine, tout l’univers de l’auteur est là et les coups au coeur s’enchainent.
A la première écoute, on croit préférer « Hôtel Hilton » ou l’extraordinaire « Nicotine », justement. Puis on se dit que non, finalement, ce sont « Les Rivières »… A moins que ce ne soit « Livide » ?! Ou « Borderline », ce superbe morceau qui fait penser à Bashung. C’est sans doute cela un disque réussi, celui qui empêche de choisir et retient tous les titres.
Parce que Nicotine le vaut bien, Al Delort ne la joue plus solo. Et pour cette première à Dijon, il bénéficiait même de la présence de Christophe Millot (sax, clarinette), Clément Amirault (trombone), Yvon Chery (basse), Laurent Coudurier (batterie), Olivier Guerbeur (percussions), Richard Vecchi (claviers). On aurait pu trouver plus mauvaise compagnie! Sans oublier ses enfants: Louis, qui a déjà tout du vieux briscard et ajoute à ses talents connus un sens de la scène largement pourvu d’humour; Valentin, l’aîné, qui a participé lui aussi à l’album et prête son sens du rythme et sa belle maîtrise du djembé; Lola enfin, la jolie benjamine, qui a démontré le temps d’une reprise de «Seagull» des Saturday Sun avec Louis et d’ «Hypocrites» de Danakil en solo que le talent n’avait décidément épargné personne. Il serait étonnant que cette première scène n’en appelle pas d’autres…
Porté par ces présences, Al Delort s’est lâché. Avec évidence. Dix huit chansons, le nouvel album dans sa quasi intégralité, des reprises de titres plus anciens, de grandes plages laissées à la musique seule, ce concert dijonnais s’est consumé trop vite et le public en aurait bien pris d’avantage.
Après des années dans l’ombre, Al Delort a osé la lumière et ça lui va sacrément bien!
Magali MICHEL.
Crédits photos // Sophie BRANDET.
– Pour suivre toute l’actualité d’Al Delort, un nouveau site : http://al-delort.fr –
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